commissaire : John Zeppetelli
jusqu'au 13 mai | until May 13
dhc-art.org
Omer Fast, 5000 Feet is the Best (2011), Digital Film, 30 minute loop (Still by Yon Thomas), Courtesy gb agency Paris and Arratia Beer Berlin
Teresa Margolles, Plancha (2010), Installation with 10 heated steel plates and water from the morgue, 300 x 600 x 60 cm (118 1/8 x 236 1/4 x 23 5/8 inch), Exhibition view "Frontera", Kunsthalle Fridericianum, Kassel, 2010, Photo: Nils Klinger / Courtesy the artist & Gaerie Peter Kilchmann, Zurich
PHILIPPE PARRENO - TARYN SIMON - OMER FAST - TERESA MARGOLLES - JOSÉ TOIRAC
Une exposition collective thématique qui réunit des œuvres majeures réalisées par cinq artistes de provenance et de réputation internationales. L’exposition explore différentes notions de disparition articulées autour des sphères personnelle, sociale et politique. Toutes les œuvres mettent en scène le deuil, l’absence et la perte, et les conceptualisent dans des récits associatifs denses qui dévoilent le caché et l’inaccessible, ou ce que l’on soustrait au regard.
This show brings together major works by five acclaimed international artists. The exhibition explores different notions of disappearance articulated across the personal, social and political realms. All the works stage and conceptualize mourning, absence and loss, offering rich associative histories while also uncovering the hidden and inaccessible – or that which is made to disappear from view.
Filmée en 70 mm et transposée numériquement sur un très grand écran, June 8, 1968 (2009), cette obsédante et somptueuse installation filmique de sept minutes signée Philippe Parreno, reconstitue le voyage en train le 8 juin 1968, de New York à Washington, du cercueil dans lequel reposait la dépouille du sénateur assassiné Robert Kennedy. Le film se compose littéralement d’une série de travellings réalisés du point de vue du train et de la dépouille qu’il transporte. L’immense projection crée une équivalence d’échelle entre le public en train de regarder la foule endeuillée et silencieuse qui longe la voie ferrée, et cette foule qui, en retour, regarde le public.
An American Index of the Hidden and Unfamiliar (2007), l’inventaire photographique magistral de Taryn Simon sur ce qu’on ne peut pas ou ne se permet pas de voir dans les domaines de la science, du gouvernement, de la sécurité et de la nature, révèle ce qui constitue les fondements du fonctionnement et de la mythologie aux États-Unis. Avec leur composition formelle et leur éclairage précis, ces photographies d’objets normalement inatteignables ou d’endroits inaccessibles s’accompagnent de textes spécifiques qui les mettent en contexte. Avec une grande acuité analytique, ce travail expose ultimement, dans des déclinaisons fortes et troublantes, ce qui est à la base de la société américaine.
Le film 5000 Feet is the Best (2011) de l’artiste israélien Omer Fast s’appuie sur des interviews avec un opérateur américain de Predator, un drone de l’armée de l’air américaine; celui-ci décrit des incidents au cours desquels des militants et des civils ont été victimes de tirs au Pakistan et en Afghanistan, et évoque les profondes blessures psychologiques qui en ont découlé. Le film est un mélange brillant de faits et de fiction, qui fait voir certains aspects techniques du travail tout en offrant des digressions narratives fascinantes. Avec sa structure presque circulaire, l’œuvre revient toujours au noyau central des interviews avec un pilote à la fois réel et fictif. Dans ce qui ressemble de manière alarmante à un jeu vidéo, le pilote peut être basé à Las Vegas et diriger des drones meurtriers à mi-chemin du bout du monde. Tels sont les bouleversements de la guerre moderne.
L’œuvre conceptuelle à un seul écran de l’artiste cubain José Toirac, Opus (2005), présente un discours réaménagé du leader controversé Fidel Castro, de plus en plus discret depuis sa retraite en 2008, où tout, sauf les nombres, a été effacé de la bande sonore. Ces déclarations emportées sur les nombres, empreintes d’envolées rhétoriques, se présentent comme une litanie sans fin dont les représentations visuelles d’un blanc éclatant apparaissent sur un écran noir. L’artiste réduit les divagations de Castro en quantifications incompréhensibles de gains, de pertes ou de prévisions, réduisant ainsi la politique à une spirale infinie et à des faux-fuyants.
Plancha (2010) de l’artiste mexicaine Teresa Margolles est, à première vue, une sculpture minimaliste apparemment innocente, mais elle peut livrer un puissant impact émotionnel par son utilisation dérangeante de substances corporelles et par son évocation d’événements très traumatisants. De l’eau tombe goutte à goutte du plafond pour frapper des surfaces métalliques chauffées et s’évaporer immédiatement. Provenant d’une morgue de Mexico où l’artiste a travaillé, cette eau sert à nettoyer les cadavres, dont probablement ceux de victimes de meurtres, alors que les plaques d’acier rappellent une table d’opération. À l’aide de quelques éléments concrets, Margolles réussit à reconstituer brillamment non seulement le corps humain après la mort, mais aussi et surtout le passage final de la présence à l’absence.
Philippe Parreno
Né en 1964 à Oran, en Algérie. Vit et travaille à Paris, en France. Entre autres expositions individuelles : Serpentine Gallery, Londres (2010), Irish Museum of Modern Art, Dublin (2009), et Centre Pompidou, Paris (2009). Il a coréalisé le film Zidane: A 21st Century Portrait avec Douglas Gordon.
Taryn Simon
Née en 1975 à New York. Entre autres expositions individuelles: Tate Modern, Londres (2011), Neue Nationalgalerie, Berlin (2011), Whitney Museum of American Art, New York (2007), Museum für Moderne Kunst, Francfort (2008), Kunst-Werke Institute for Contemporary Art, Berlin (2004), et P.S.1 Contemporary Art Center, New York (2003). En 2011, son travail faisait partie de la 54e Biennale de Venise.
Omer Fast
Né en 1972 à Jérusalem, en Israël. Vit et travaille à Berlin, en Allemagne. Lauréat en 2009 du prestigieux Nationalgalerie Prize for Young Art, à Berlin. Il a présenté Nostalgia au Whitney Museum of American Art, à New York en 2009, et 5000 Feet is the Best, à la 54e Biennale de Venise en 2011.
Teresa Margolles
Née en 1963 à Culiacán, Sinaloa, au Mexique. Vit et travaille à Mexico, au Mexique. Teresa Margolles. Muerte sin fin, a éte présentée au Museum für Moderne Kunst, Frankfurt am Main, Allemagne (2004); 127 cuerpos, au Kunstverein für die Rheinlande und Westfalen, Düsseldorf, Allemagne (2006); Decalogo, au Museo Experimental, El ECO, Mexico, Mexique (2007); Frontera a été présentée au Museion, à Bolzano, en Italie et à la Kunsthalle Fridericianum, Cassel, en Allemagne (2011). Elle a représenté le Mexique à la 53e Biennale de Venise en 2009.
José Toirac
Né en 1966 à Guantánamo, à Cuba. Vit et travaille à La Havane, à Cuba. Parmi les expositions auxquelles il a participé, mentionnons The American Effect au Whitney Museum of American Art à New York (2003), la 7e Biennale de Gwangju (2008) en Corée, et ¡Cuba! Art et histoire de 1868 à nos jours au Musée des beaux-arts de Montréal (2008).
Shot in 70mm and digitally projected on a massive screen, June 8, 1968 (2009) Philippe Parreno’s haunting and sumptuous seven-minute film, imaginatively re-enacts the train journey from New York to Washington carrying assassinated Senator Robert Kennedy’s coffin on June 8, 1968. The film is literally a series of tracking shots from the point of view of the train and the dead body within it. The enormous projection creates equivalence in scale between the audience looking at the mourners lining the tracks in silent witness, who in turn look back at the audience.
Taryn Simon’s magisterial photographic inventory on what we can’t or won’t allow ourselves to see in the realms of science, government, security and nature - An American Index of the Hidden and Unfamiliar (2007), reveals that which is foundational to America’s functioning and mythology. The formally composed and well lit photographs of normally unobtainable objects or inaccessible places are paired with precise and contextualizing texts. Gaining access to these denied spaces are also feats of diplomacy. Her work ultimately exposes, in powerful and disturbing ways - and with great analytical acuity - the undergirding of American society.
Israeli artist Omer Fast’s 5000 Feet is the Best (2011), is a film based on interviews with an American Predator drone aerial vehicle operator, who describes incidents where militants and civilians are fired at in Pakistan and Afghanistan – resulting in deep psychological scarring. The film is a brilliant blend of fact and fiction as it visualizes certain technical aspects of the job, while also offering fascinating narrative digressions. Using an almost circular structure, the work always returns to the central core of the interviews with both a real and fictional pilot. Alarmingly like video games, the pilot may be based in Las Vegas but directs lethal drones halfway across the world. Such are the dislocations of modern warfare.
Cuban artist José Toirac’s conceptual single-screen work Opus (2005), features an edited speech by controversial leader Fidel Castro – himself increasingly disappearing after retiring in 2008 - where everything but numbers are cut out from the audio track. The impassioned numerical pronouncements, full of rhetorical surges, are an endless litany whose corresponding stark white digits appear on a black screen. The artist reduces Castro’s ramblings to unintelligible quantifications of gains, losses or predictions, indeed reducing politics to endless spin and obfuscation.
Teresa Margolles’s Plancha (2010) is at first view a seemingly innocent minimalist sculpture, but it packs an intense emotional punch by its provocative use of bodily substances and its evocation of traumatic events. Water drips from above, hitting heated metal surfaces and evaporating instantly. Sourced from a morgue in Mexico City where the artist has worked, this is water used to cleanse corpses after autopsy—possibly also murder victims—while the steel plates are reminiscent of an operating table. With just a few concrete elements, Margolles vividly enacts the transformations of the human body after death, especially the final passage from presence to absence.
Philippe Parreno
Born 1964 in Oran, Algeria Lives and works in Paris, France. Solo shows include Serpentine Gallery, London (2010), Irish Museum of Modern Art, Dublin (2009), Centre Pompidou, Paris (2009). Directed the feature film Zidane: A 21st Century Portrait, with Douglas Gordon.
Taryn Simon
Born in New York in 1975. Solo shows include Tate Modern, London (2011); Neue Nationalgalerie, Berlin (2011); Whitney Museum of American Art, New York (2007); Museum für Moderne Kunst, Frankfurt (2008); Kunst-Werke Institute for Contemporary Art, Berlin (2004); and P.S.1 Contemporary Art Center, New York (2003). In 2011 her work was included in the 54th Venice Biennale.
Omer Fast
Born in Jerusalem, Israel in 1972. Lives and works in Berlin, Germany. Recipient in 2009 of the prestigious Nationalgalerie Prize for Young Art, Berlin. Nostalgia, Whitney Museum of American Art, New York (2009). 5000 Feet is the Best, Venice Biennale 2011.
Teresa Margolles
Born in Culiacán, Sinaloa, Mexico in 1963. Lives and works in Mexico City, Mexico. “Teresa Margolles. Muerte sin fin”, Museum für Moderne Kunst, Frankfurt am Main, Germany (2004); “127 cuerpos”, Kunstverein für die Rheinlande und Westfalen, Düsseldorf, Germany (2006);“Decalogo”, Museo Experimental, El ECO, Mexico City, Mexico (2007);“Frontera,” Museion, Bolzano, Italy and Kunsthalle Fridericianum, Kassel, Germany (2011). Represented Mexico at the Venice Biennale (2009).
José Toirac
Born in Guantánamo, 1966. Lives and works in Havana, Cuba. Exhibitions include “The American Effect” at the Whitney Museum of American Art in New York (2003), 7th Gwangju Biennale in Gwangju, Korea and “¡CUBA! Art and History from 1868 to Today” at the Museé des Beaux Arts de Montréal (2008).
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