Chers lecteurs, qu’il s’en brasse des choses cet automne ! Avec la rentrée scolaire, véritable déité du marketing à l’américaine, le monde des arts visuels s’émoustille tout entier et se pare de ses plus beaux atours : tous les centres de diffusion se donnent le mot pour étoffer leur programmation, les galeries du circuit marchand sortent de leur cour et passant une grosse semaine à Toronto, l’AGAC en profite pour faire le party (littéralement) tout en préparant le premier Gala des Arts Visuels du Québec, les encans et autres levées de fonds pleuvent et finalement, votre blogueur de service célèbre (déjà) cinq ans d’existence en lançant une application mobile, rien de trop beau !
Dear readers, things are moving this fall! With the back to school season, real object of worship of the American-style marketing, the entire visual arts world is exhilarated and dressed to the nines: all of the centers of diffusion are pimping their exhibitions, the commercial gallery circuit is leaving town and passing a big week in Toronto, the AGAC throws one hell of a party and prepares for the first Quebec Visual Arts Awards, auctions and other fund-raisers are raining down, and finally, your blogger of service celebrates five years of existence by launching a mobile application. Life couldn't be better.
Art Toronto 2011 (aka Toronto International Art Fair - TIAF)
Parce que je bosse pour un périodique culturel spécialisé en art actuel (le magazine Ciel variable), j’ai le grand privilège de participer à la plus grande manifestation marchande en beaux arts au pays, la TIAF, qui se tient chaque année vers la fin octobre au Palais des Congrès du Toronto Métropolitain. Comme il s’agissait de ma quatrième année consécutive, je me sens plus à l’aise de tirer certaines conclusions, que voici :
- tout d’abord, il s’agit d’une foire commerciale, c'est-à-dire que les galeries qui s’y trouvent ont un objectif primordial et bien précis : vendre ;
- en découle que plusieurs œuvres sont « commerciales », dans le mauvais sens du terme, c'est-à-dire, conservatrices et consensuelles ;
- la bonne nouvelle, c’est que les galeries québécoises sortent du lot comme étant plus audacieuses, présentant des œuvres plus souvent de la relève et/ou qui provoquent le questionnement, tant par leur facture que par leur contenu ;
- bien qu’un des objectifs de la foire soit évidemment de réseauter avec les torontois, le « milieu » montréalais se resserre d’autant plus qu’il se retrouve à l’extérieur de son environnement habituel, c'est-à-dire plus ou moins chacun dans son coin ; les clans semblent s’abolir et tout le monde est bien heureux d’être là et en si bonne compagnie … comme de jeunes écoliers en sortie parascolaire (à noter : lors de la foire comme telle, les galeristes triment dur et réseautent effectivement avec les collectionneurs et collègues de l’ouest, mais lors des parties, là c’est une autre histoire).
La TIAF pour moi, c’est aussi l’occasion de « faire le party » alors que chaque journée amène sa soirée VIP, son after-party, etc. Le plus réussi depuis quelques années est certainement celui de l’AGAC. À la TIAF, on fait évidemment de belles rencontres, des galeristes, des artistes et autres gens du milieu de l’art actuel. Entre autres : les talentueux Hugo Bergeron, présentement à la galerie Graff, et David Spriggs, qui prépare un nouveau tableau (bleu) de son projet stratachrome impliquant des rayons x, et la très jet set Julie Tremblay, de passage pour l’occasion, aussi vite arrivée aussi vite repartie. Au retour, j’ai croisé la critique Marie-Ève Charron avec qui nous avons discuté … de son signe astrologique chinois (!) avant de prendre le train pour revenir au bercail.
Finalement, j’aimerais souligner l’exposition qui m’a le plus impressionné et je ne suis pas le seul, son nom était pratiquement sur toutes les lèvres. Il s’agit de l’espace de la galerie Trois Points, qui avait aménagé une petite pièce avec les œuvres d’Evergon « Margaret & I ». Je connaissais ces images troublantes qu’il avait prises de sa mère après le décès de son mari il y a bien 10 ans de cela. Elle lui avait demandé de la prendre en photo toute nue, alors qu’elle se faisait vieille et malade. Les photos, plus grandes que nature, imposent une telle force aux spectateurs, que plusieurs réagissaient promptement. Y lisaient-ils leurs propres souffrances, la peur de la décadence de leur propre corps ? On en entendait de toutes les sortes. Certains critiquaient, outrés. D’autres étaient fascinés. D’autres encore ont pleuré, peut-être que ces images crues leur rappelaient la perte d’un être cher. Une performance tout en contraste avec les surfaces relativement bourgeoises qu’arboraient la plupart des autres espaces, surtout celles des galeries hors Québec, je tiens à le re-souligner. Je l'avoue, je suis vendu ...
L’AGAC consolide et avance
L'Association des galeries d'art contemporain - AGAC a connu une belle progression depuis mon passage rapide aux côtés de Matthieu Gauvin, en 2007, alors que nous montions la première foire d’art contemporain au Québec, PAPIER. Ensuite, autour de Jean-François Bélisle d’innover entre autres en exportant le talent d’ici avec l’ambitieuse « Art Montréal Contemporain, Shanghai » et bien sûr, avec le fameux party de l’AGAC, aka « Art Fair Confidential », une initiative incontournable qui se produit maintenant chaque année en marge d’Art Toronto et mettant en vedette l’audace des galeries québécoises en art contemporain chez nos voisins de l’ouest. Cliquer ici pour des images de l’édition 2011. Enfin, avec sa nouvelle directrice Julie Lacroix, nous entrons dans l’ère de la reconnaissance du milieu envers lui-même avec un premier Gala des Arts visuels. Ce qu’on peut lire sur la page facebook créée pour l’évènement : « cette initiative vise tout d’abord à honorer le travail exceptionnel d’intervenants(es) du milieu et à solidifier les liens de la communauté artistique québécoise. Elle cherche également à apporter une visibilité à portée nationale aux nominés et à interpeller un public large à la richesse et la diversité de l’art contemporain d’ici. » L’évènement aura lieu au théâtre le Rialto, le 13 décembre à 20h00 et les billets débutent à 38,97 $ tout inclus. Ils ont même pensé à une catégorie « meilleur blog de l’année en arts visuels ». Je croise les doigts pour que ratsdeville soit nominé, il va sans dire et je salue leur vision d’un monde de l’art qui inclut la diffusion et les plateformes numériques Cliquer ici pour vous procurer des billets.
Lancement de l’application mobile Mpii Gotchi
Comme je le mentionnais avant mon allez-retour en Ontario, ratsdeville célèbre présentement son cinquième anniversaire en présentant une application mobile pour téléphones intelligents, utilisant la géolocalisation et indiquant aux utilisateurs le quoi/où/quand de l’art actuel pour la région de Montréal, selon l’emplacement physique de l’usager, et en temps réel. L’exercice technologique est certes appréciable. Et l’aspect jeu souligne une réalité particulière chez l’artiste qui est très importante à mes yeux, le phénomène de l’artiste-orchestre. Sur la page de présentation de l’application du site de l’artiste (MP), on peut lire ceci « Les artistes doivent incarner plusieurs rôles sur la scène de l’Art afin d’assurer la visibilité, la progression et la survie de leur carrière. Tôt ou tard, ils sont confrontés à l’obligation d’assumer différentes tâches, tels que producteur, médiateur, critique, ou marchand. L’objectif de ce projet est de relater les déplacements de l’identité de l’artiste d’une sphère de connaissance à l’autre en démontrant ironiquement aux spectateurs les responsabilités et l’engagement qu’exigent une carrière artistique. » Je tiens à remercier chaleureusement la précieuse collaboration avec l’artiste Marie-Pier Théberge, Alexandre Castonguay de l'école des arts visuels et médiatiques de l'UQAM et son groupe Diagrammes actifs (DIAA), ainsi qu’un partenaire de longue date de ratsdeville, le Mur Mitoyen, sans qui nous n’aurions tout simplement pas obtenu ce bijou d’innovation. Merci pour ce beau cadeau, c’est comme entrer dans la cour des grands. Cliquer ici pour en savoir plus et télécharger l’application.
Art Toronto 2011 (aka Toronto International Art Fair - TIAF)
Because I work for a cultural periodical specialised in contemporary art (Ciel Variable Magazine), I have the huge privilege of participating in the biggest fine arts fair in the country, the TIAF, which is held near the end of October at the Toronto Metropolitan Conference Center. Since this was my fourth consecutive year of participation, I feel more comfortable about putting some conclusions "out there":
- First off, it's a commercial fair, therefore the primary objective of the galleries present is pretty clear: to sell;
- It follows that many works are commercial, in the negative sense of the word, ie. conservative and unconfrontational;
- The good news is that the Quebec galleries are distinguishing themselves by exhibiting the most audacious work, by up and coming artists and/or work that provokes questions by its execution or content;
- Even though one of the objectives of the fair is obviously to mix with the Torontonian scene, the Montreal “milieu” no longer isolated, finding itself outside of its normal circumstances, no one stayed in their own corner. As such, the usual cliques disappeared and everyone was happy to be there and in such good company, like young school kids on a class outing (note: during the actual fair, the gallerists work hard and network with collectors, but during the parties, that’s another matter altogether).
The TIAF has also been for me an occasion to party, every day leading to a VIP night and after-parties, the best during recent years has been the one thrown by AGAC. At TIAF, we meet many lovely people, gallery owners, artists, and others from the contemporary fine arts milieu, like: Hugo Bergeron, presently at Graff, David Sprigs, whose preparing a new installation (blue) from his project stratachrome, involving x-rays, the very “jet set” Julie Tremblay, passing through for the occasion, quickly arriving and departing. Upon returning, I came across the art critic, Marie-Eve Charron, with whom I chatted about ... her Chinese astrology sign (!) before catching the train back home.
Finally, I’d like to draw attention to the exhibit that impressed me the most, and I wasn’t the only one, it’s name was on everyone’s lips. It was the exhibit by the gallery Trois Points, which had on display a small room presenting the works by Evergon, “Margaret and I”. I was aware of these troubling images that he had taken with his mother ten years after the death of her husband. She asked him to photograph her nude, revealing her age and sickness. These larger than life photographs impose such a force on the spectator that many viewers reacted immediately. Did they see their own suffering, or the fear of the decdence of their own bodies? We heard all kinds of things. Some were critical, outraged, others fascinated. Others cried, perhaps they were reminded of a lost loved one. It was a performance unlike anything else, where the relatively bourgeois surfaces that filled most of the other spaces, especially those from outside Quebec, I assure you.
The AGAC consolidated and advancing
The Contemporary Art Galleries Association - AGAC has seen a nice progression, since I worked by the side of Mathieu Gauvin in 2007, when we mounted the first contemporary art fair in Quebec, PAPIER. After that, Jean-François Bélisle, innovated in exporting talent from here with the ambitious “Contemporary Art Montréal, Shanghai”, and of course, the famous AGC party, aka “Art Fair Confidential”, which is an incredible initiative that is put together every year on the margins of Art Toronto, and stars, at the forefront, the audacity of the Quebec contemporary art galleries. Click here to see images from the 2011 edition. Finally, with the new director, Julie Lacroix, we enter into an era of auto-recognition for the "milieu" with the premiere of the Visual Arts Awards. Quoting from their Facebook page, “the Visual Arts Awards aims to honour the outstanding work of stakeholders in the visual arts to bring together the art community in Quebec. It also seeks to give nationwide visibility to the nominees and make the public aware of the richness and diversity of our contemporary art scene. " The event will take place at the Rialto theatre on the 13th of December at 8pm, with tickets starting at $38.97 (all included). There is even a category for “best blog of the year in visual arts”. I am crossing my fingers for ratsdeville to be nominated (it goes without saying), and I salute their vision of an art world that includes agents of ciruclation as well as web practicionners. Click here to get tickets to this event.
Launch of the Mobile Application Mpii Gotchi
As I was mentioning earlier before my round-trip to Ontario, ratsdeville is currently celebrating its 5th anniversary by presenting a mobile application for smart phones, using global positioning and indicating users, the who/where/what of contemporary art in the Montreal region in real time, depending on the physical location of the user. The use of technology is certainly significant, and the aspect of play underscores a particular reality of the artist, which is very important in my eyes: the phenomenon of the artist-as-orchestra. On the presentation page for the application from the artists’ site (MP), we can read the following, "The artist must adopt many roles on the Art scene, to ensure visibility, thus the progression and survival of his or her career. Sooner or later, the artist is obliged to assume different tasks, that of producer, mediator, critic, or merchant. The objective of this project is to relate the shifts in identity of the artist from one sphere of knowledge to another - by showing, ironically, the responsibilities and engagement that is involved in maintaining a career in the arts." I want to warmly thank the following for their precious collaboration: artist Marie-Pier Théberge, Alexandre Castonguay of the school of visual and media arts of UQAM, and his group Diagrammes actifs (DIAA), as well as long-term collaborator with ratsdeville, Le Mur Mitoyen, without whom this jewel of innovation would not have been possible. Thank you for this wonderful gift; it is like walking into the big leagues. Click here to find out more and to boot up the application.
translation by Judith Brisson
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