laboratoire graphique
photos : artistes participants & Paul Litherland
Invité par la Galerie B-312, le laboratoire Grupmuv joue le jeu d’une exposition vidéo qui n’en est pas une. Avec Marqueurs de subduction, les projections sont le résultat d’un croisement de diverses technologies, associant la modélisation à l’image en mouvement et à la gestuelle traditionnelle du dessin.
Marqueurs de subduction associe dans l’espace ces œuvres hétéroclites nées des recherches de six artistes en arts médiatiques. Sous couvert d’une variation commune autour du paysage, l’exposition propose avant tout une perception mouvementée du dessin et de la rythmique de l’image.
La géographie de lieux réels et imaginaires s’anime grâce au rythme si particulier de chaque œuvre : les superpositions fébriles du portrait de Thomas Corniveau le long travelling glissant de Michel Boulanger, le frétillement des formes géométriques de Andrée-Anne Dupuis Bourret ou encore la succession d’images de Florian Wüst associée à la musique de Krafwerk et le silencieux déploiement de couleur de Aelab.
S’appropriant les données tour à tour issues de la topographie, de l’histoire ou de la faune et la flore de paysages, les artistes associent à leur vision du lieu une libre expérimentation de l’image en mouvement.
Pour Gisèle Trudel (Aelab), le paysage de Fukushima ou plutôt sa destruction en 2011 devient prétexte à une lente animation abstraite, qui évoque les formes vivantes disparues lors de l’accident nucléaire tandis que Florian Wüst évoque la mobilisation populaire en Allemagne face à l’implantation de centrales nucléaires dans l’Allemagne des années 1970.
Michel Boulanger fait dériver le regard le long d’un bâtiment rural abandonné et anime les lieux de modélisation en trois dimensions de formes abstraites initialement en deux dimensions. Katja Davar crée un paysage abstrait composé à partir des sillons sous-marins dus à l’extraction de métal dans le Pacifique en 1978. Elle associe ces lignes mobiles à des phrases extraites de discours d’Art&Langage. Les traces d’exploitation humaines se transforment en espace abstrait où est rendu possible la rencontre entre la ligne purement graphique et le texte.
Avec une grande variété de support, chaque œuvre apparaît selon un mode de présentation qui lui est propre. De cette manière, Marqueurs de subduction voit se déployer simultanément des petits écrans (Thomas Corniveau, Tête qui parle, 2011 ; Aelab, Fukushima mes amours, 2011) et des projections murales (Katjar Davar, Silence is far from an idle task, 2009 et Michel Boulanger, Terre blanche, 2011), une animation au sol projetée sur des formes en volume (Andrée-Anne Dupuis Bourret, Variations géodésiques, 2011) ou encore un dessin mural qui intègre un diaporama vidéo et une trame sonore (Florian Wüst, Service To Necessity, 2011).
Les œuvres réunies par les artistes et professeurs Michel Boulanger, Thomas Corniveau et Gisèle Trudel cohabitent dans les deux salles, partageant un espace commun ouvert, sans pour autant se contaminer. L’exposition déjoue la monotonie et le danger de voir se chevaucher une succession d’images en mouvement dans la galerie. Elle crée un ensemble diversifié, bercé par la rythmique fluide de chacune des images et teinté d’une forme inattendue de mélancolie.
L'exposition Marqueurs de subduction chez B-312 sera prolongée et se poursuivra jusqu’au 19 novembre 2011.
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