Claire Savoie : date à déterminer
par Claire Moeder
photos : Ronald S. Diamond
SBC ouvre les portes de la galerie à l’artiste Claire Savoie dans le cadre de la 12e édition du Mois de la Photo à Montréal dirigée par la commissaire Anne-Marie Ninacs. Débuté en 2006, son projet Dates-vidéos y est présenté pour la première fois dans son intégralité. Soutenu par l’image et le texte, ce journal vidéographique déroule un récit à la fois intimiste et minimaliste.
L’exposition Aujourd’hui (dates-vidéos) se compose autour de clichés photographiques, extraits des bandes vidéos enregistrées quotidiennement par Claire Savoie. Accaparant la totalité des murs, ces œuvres déroulent le fil du temps, à travers un vaste ensemble d’instants photographiques, saisis selon un geste répété minutieusement chaque jour par l’artiste.
S’ouvrant par un cadre blanc, vide de tout contenu, la séquence débute par l’année 2006 avec les premières images fixes tirées des films tournés par l’artiste. Elle s’achève après une longue succession d’images en août 2011, à la veille de l’exposition. Les cadres rectangulaires, placés en bandes sur plusieurs niveaux réguliers, imposent d’emblée une lecture linéaire et chronologique. Ils déterminent dans l’espace un type particulier de déambulation pour le spectateur et propose également une rétrospection dans le temps.
En 2006 notamment, chaque image est accompagnée de texte : pour les premières d’entre elles, des extraits de phrases, de description ou de citation lui sont librement associés. L’évolution dans le temps du projet verra graduellement les mots disparaître pour ne plus indiquer que la date des images. Le récit se resserre dès lors autour de ce simple indicateur de temps, qui vient jouer le rôle d’un repère régulier qui peut aller jusqu’à se manifester au centre des images, selon le cas.
Définis par une grille où chaque module représente un mois, l’accrochage et la composition permettent « une représentation directe de l’organisation temporelle » où des espaces sont volontairement laissés vacant entre les images. Ceux-ci marquent les jours où il n’y a pas eu de captures vidéos et où le récit s’arrête temporairement. À partir de ce dispositif simple, à la fois minimaliste et épuré, Claire Savoie construit la formule visuelle la plus adéquate à son travail sur le temps. Ce sont ces interstices laissés vides qui rythment les œuvres et qui évoquent le temps vacant et insaisissable qui se glisse dans le récit que tente de faire l’artiste.
La projection vidéo des 500 bandes de Claire Savoie ne présente pas, quant à elle, d’arrêts aussi soutenus dans son déroulement. Le montage, plus étroit, reproduit un flux d’images dense, captées de 2006 à 2011 en y intégrant des éléments sonores -voix, bruits, chants- et des dates et textes.
Aujourd’hui (dates-vidéos) est un récit d’images déterminé par une contrainte de temps. À partir de cette contrainte, Claire Savoie a orchestré une collecte visuelle, qu’elle s’impose comme journalière, systématique et qui pourrait ainsi conduire une vision exhaustive de son quotidien. Malgré ce protocole strict de travail, l’exercice demeure ouvert. Plus qu’un répertoire de gestes, de situations, de détails ou d’instants, il décrit le temps manqué, insaisissable ou encore, simplement hors champs.
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