« TABLEAUX DE CHASSE »
jusqu'au 27 août | until August 27
Maison de la culture Frontenac : 2550 Ontario Est
Cette guerre pourtant sans cruauté se fait.
Le sang qui s’y répand ne laisse aucun regret :
Les meurtres innocens n’y font point de ravage;
Sans colère on y peut éprouver son courage.
C’est en ces termes que Pierre Le Moyne, poète du 17e siècle, met en parallèle la chasse et la guerre dans « Éloge de la vie champestre. À Mgr le Duc d’Estrées, maréchal de France ». La chasse serait exempte de regret, de cruauté et même d’agressivité! Cette atténuation assez fréquente des instincts de l’être humain permet d’en réduire la teneur inquiétante et de rendre toutes les pulsions innocentes et vertueuses. Ces observations alimentent les travaux de la présente exposition; Diane Dubeau s’interroge sur sa condition de carnivore qui pourrait être une façon de tuer… juste un petit peu.
Les tableaux et les installations de Tableaux de chasse sont des combinaisons de motifs, de matériaux et d’idées qui évoquent, parfois ironiquement, notre nature ambivalente. Le travail de Diane Dubeau est à la limite de la représentation picturale et oscille entre le vrai et le faux. L’histoire de l’art et, plus précisément, l’histoire de la peinture prennent une grande place dans la réflexion et la pratique de cette artiste. Elle réfléchit aux modes de représentation picturale et s’intéresse à la mise à plat de notre univers tridimensionnel. Dans cette exposition, le tableau sort de son cadre, les matériaux véritables côtoient le faux et le plan prend du relief. Diane Dubeau utilise des matériaux inusités dans un langage hybride qui nie la pureté de la peinture.
Bachelière en beaux-arts de l’Université Concordia, Diane Dubeau a longtemps œuvré du côté du théâtre. Aujourd’hui, elle se consacre exclusivement aux arts visuels. Déjà, des incursions avaient été marquantes au côté de Pierre Granche et de Michel Garneau dans la performance-installation Une louve, un instant, dans les marguerites, puis chez Skol avec Gravité en collaboration avec Manon Labrecque. Ont suivi les installations Un regard sonore dans le cadre des 20 jours du théâtre à risque, Le reflet est plus somptueux que le réel présentée au Musée Pointe-à-Callière et Cruauté, une installation dans une vitrine de la Place Montréal Trust. Dernièrement, l’exposition Domestications était présentée chez Diagonale et au Centre culturel de Verdun. Cet automne, on verra son travail au Centre d’exposition d’Amos.
Le processus de création, la spatialisation, la mixité des matériaux, le performatif et le son comme matériau expressif continuent d’évoluer dans sa pratique visuelle. Ses thèmes poétiquement engagés forment souvent un raisonnement politique. Chaque projet est une question posée au spectateur.
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