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par Louis Perron
« LE MONDE EST UN ZOMBIE »
commissaire : Katrie Chagnon
jusqu’au 17 avril | until April 17
Maison des arts de Laval : 1395 de la Concorde Ouest ~ Laval
Simon Bilodeau : à mesure du blanc
par Claire Moeder
photos : Simon Bilodeau
Avec Le monde est un Zombie, Simon Bilodeau propose de reconquérir le vaste espace de la Maison des arts de Laval par la voie d’un imposant conteneur. Œuvre monumentale et pivôt central de l’exposition, ce nouveau volet du travail de l’artiste prolonge sa vision éminemment scénographique.
Le Monde est un Zombie permet au spectateur de glisser son regard le long d’un conteneur, dont les hautes parois striées s’élèvent jusqu’au plafond. Simon Bilodeau n’a pas uniquement reproduit la forme originelle du conteneur, il a placé deux vantaux laissés volontairement ouverts d’où se déversent de nombreuses pierreries en miroir. En ouvrant une large brèche dans cette forme géométrique et massive, l’artiste détourne notre attention vers ce puit scintillant et crée l’illusion d’un déferlement de roches disproportionnées.
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11:39 dans art actuel, CLAIRE MOEDER, INSTALLATION, MOTS | WORDS, PEINTURE | PAINTING, SCULPTURE | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
l'éditeur s'entretient avec Belo, jeune artiste représenté par Kalibre qui tente présentement sa chance à Artexpo NY 2011 du 25 au 27 mars
RDV : Étant autodidacte, quelles sont tes inspirations ? te viennent-elles d'un monde en particulier, des beaux arts, de l'illustration, du « street art » ou d'autres domaines ... quelles sont tes influences ?
B : Mes inspirations, en premier lieu, viennent des gens qui m'entourent. Généralement, lorsqu'une belle image se pointe, elle est souvent reliée à un événement, une personne. Sachant que je dois travailler pendant des semaines, voire des mois sur une oeuvre; je canalise les souvenirs, les images, les odeurs et les sons reliés à la personne ou au thème qui m'ont inspiré et m'efforce de rester dans la même bulle tout au long du processus créatif. Ayant travaillé plusieurs années dans le milieu du cirque et du spectacle, une grande partie de ces personnes viennent d'un peu partout sur la planète et ça c'est génial : pouvoir créer et voyager dans sa tête en même temps. Pour ce qui des influences, il est certain qu'elles viennent en partie de ma jeunesse à observer mon père sur son métier à tisser. Le petit enfant en moi continue de jouer au milieu de ces kilomètres de fils de couleurs. Je ne crois pas avoir vraiment d'influences venant des beaux-arts; même si j'adore l'art, je me sens plutôt mal a l'aise à l'idée de m'inspirer de ces talents exceptionnels. Tous les gens me connaissant savent que je suis un fan fini De Zdzislaw Beksinski mais mon respect pour son art m'empêche d'insinuer que mon style se compare au sien. Voilà pour la base, l'image et la technique; pour ce qui est du sentiment relié à la toile j'aime bien dire que cela vient tout simplement de moi, mes sentiments des moments passés, présents et futurs parce qu'à quelque part, l'art c'est de l'exhibitionnisme...du moins, je l'espère.
« PHRASES COURTES (SHORT SENTENCES) »
26 mars au 7 mai | March 26 to May 7
pfoac.com
Pour cette première exposition personnelle à la galerie, Wang a réalisé une nouvelle série d'images dans lesquelles une vision introspective de la vie domestique est captée par une suite évocatrice d'aperçus et de gestes.
« Elles sont presque sans poids, j'ai pensé, puis j'ai commencé à me rassurer moi-même : elles sont sans poids, et c'est normal. J'utilise la photographie pour décrire la vie de tous les jours, pour montrer des gestes et des objets trouvés. Il arrive que les sujets se chevauchent, et qu'ils deviennent les éléments d'un sujet plus vaste. L'accumulation de moments et de gestes forme progressivement des scènes de vie et suggère différentes lectures de l'existence : la vie peut être une performance, et la vie peut être un objet trouvé.
In this new series Wang offers an introspective view of domestic life captured through a dialogue of glimpses and gestures.
"They are almost weightless, I thought, then I started to reassure myself: they are weightless, and this is normal. I use photography to document everyday life and to record gestures and found objects. Sometimes a subject overlaps with others, and they become elements of a bigger subject. The accumulation of moments and gestures gradually forms scenes of life and suggests different ways to read life: life can be a performance, and life can be a found object.
« ИСЧЕЗНОВЕНИЕ »
jusqu'au 30 avril | until April 30
occurrence.ca
Fred Laforge propose une série de dessins et sculptures développée autour de pistes de réflexion récurrentes dans la pratique de l’artiste, les questions de norme et de perception. Dans ce projet, il choisit de déconstruire le corps afin de mettre en perspective sa matérialité. D’une facture minimale et étonnement abstraite, les dessins réalisés à la mine de plomb et les sculptures présentent des portraits pixellisés en deux temps, de la reconnaissance des visages et silhouettes jusqu’à leur disparition dans une accumulation de cubes clairs et foncés. Le corps, que l’artiste a souvent représenté très minutieusement dans un souci de réalisme évident, devient ici méconnaissable. L’image qui en ressort n’est plus un reflet cru et confrontant d’une anatomie atypique mais une déconstruction progressive du corps jusqu’à sa disparition.
Le titre de l’exposition, исчезновение, prononcé ‘ischeznovénié’, est un mot russe dont la signification englobe deux concepts dominants dans les œuvres présentées, l’évanescence et la disparition. L’artiste a délibérément choisi de l’écrire en utilisant l’alphabet cyrillique afin de rendre hommage à l’artiste de l’avant-garde moderniste soviétique Kasimir Malevitch qui l’a beaucoup influencé pour ce projet. Ce choix délibéré vient aussi renforcer le dialogue avec l’histoire de l’art amorcé dans la série lorsque l’image figurative se transforme en abstraction.
« GLISSEMENT TRANSMIGRATOIRE »
jusqu'au 16 avril | until April 16
oboro.net
Jing Yuan Huang réalise à OBORO une version inédite de Glissement transmigratoire, une installation in situ composée d'immenses images faites de photocopies collées les unes aux autres, qui remodèlent l'espace. L'artiste redéfinit entièrement la matérialité du lieu d'exposition, conviant le spectateur à circuler à même l'univers de l'œuvre. Il y découvre un espace mythologique inspiré du concept de transmigration tibétaine, envisagé par l'artiste comme métaphore des transformations exercées par les prismes culturels, et interrogeant les difficultés et les défis qui en découlent.
Selon le Livre tibétain des morts (le Bardo Thödol), la transmigration est une suite d'étapes s'enchaînant après la mort, tel un parcours dont l'issue détermine la nouvelle réincarnation. Oscillant entre fragilité et force, pertes et gains, ce cheminement n'est pas sans rappeler celui de l'immigration, processus qu'a vécu volontairement l'artiste en venant prendre racine en Amérique du Nord.
In OBORO's large exhibition space, Jing Yuan Huang reinvents Transmigrating Inadequacy, a site-specific installation of large-scale images created from assembled photocopies. By reshaping the gallery's material boundaries, the artist invites the viewer to wander deep within the work where a mythological space inspired by the notion of Tibetan transmigration develops. Huang proposes a metaphorical exploration of the transformations exerted by cultural displacements and the failures and challenges they generate.
According to the Tibetan Book of the Dead (the Bardo Thodol), transmigration is a series of after-death ebb and flow stages, a journey whose finality determines the next reincarnation. Wavering between fragility and strength, loss and gain, this passage is much like immigration, a mirror of the path freely chosen by the artist when she put down roots in North America.
« HOMMAGE À GODIN »
jusqu'au 10 avril | until April 10
galeriepointrouge.com
C'est en travaillant au montage du documentaire sur Gérald Godin qu'Alexandre Chartrand, peintre et cinéaste, a eu le coup de foudre pour le poète-député.
« Normalement, quand je travaille comme monteur, que je regarde des images en mouvement toute la journée, je ne peux pas rentrer chez moi le soir pour regarder la télévision. Je vais peindre pour toucher à de la matière concrète, pour bouger autre chose que le bout de mes doigts sur un clavier. Ce qui m'est arrivé avec Godin va un peu à l'encontre de mes habitudes, parce que j'ai ramené mon sujet de montage dans mon atelier de peinture. J'ai été tellement happé par sa personnalité que j'ai eu envie de lui rendre hommage d'une autre façon. »
Cette façon, c'est à la canette. Le peintre pop-expressionniste combine le graphite à la peinture aérosol pour étaler ses couleurs criantes à l'aide de spatules. Une technique personnelle qui distingue son style de l'habituel graffiti, généralement associé à la peinture à la bombe. Coulisses, bavures et traits de spatules s'intègrent à l'imagerie colorée où la confrontation des teintes franches contribuent à créer chaque canevas.
Mais Chartrand refuse de se limiter à de simples considérations esthétiques pour construire son œuvre. Tout comme pour la série précédente (Totalitarisme économique - présentée à Point rouge en 2010), les sujets choisis doivent susciter la réflexion. Dans le cas de Godin, il s'agit de célébrer ce libre penseur exemplaire, poète prolifique, journaliste rigoureux, éditeur de textes engagés et politicien intègre. Un homme qui, dans toutes ses pratiques, est demeuré fidèle à ses principes jusqu'à sa mort.
08:54 dans PEINTURE | PAINTING | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
« REDUCED PERFORMING »
jusqu'au 16 avril | until April 16
galeriedonaldbrowne.com
Avec Reduced Performing, Suzy Lake poursuit un travail qui oscille entre photographie et performance. L’artiste présente ici six autoportraits grandeur nature captés dans un scanneur grand format. C’est l’invisible que tente de capter Lake dans cette série - du mouvement du battement des cils à celui de la respiration humaine - et qui se reflète sur les impressions. Les œuvres s’imposent au spectateur telles des icônes byzantines. La série Reduced Performing permet une réflexion sur l’éphémère, sur la corporéité, de même que sur le médium photographique, Lake travaillant pour la première fois avec le numérique. En parallèle à la frontalité des images du scanneur se trouve une œuvre représentant l’artiste couchée, qui reprend volontairement l’esthétique d’Étienne-Jules Marey, photographe et physiologiste du 19e siècle ayant grandement contribué aux recherches sur la captation du mouvement. L’œuvre particulière vient non seulement renforcer le caractère performatif de la série, mais elle établit également un contraste intéressant entre les débuts de la photographie et son évolution jusqu’à l’ère numérique. Tout comme le travail de Marey, les œuvres de Reduced Performing se situent à mi-chemin entre le document scientifique et la photographie artistique.
With Reduced Performing, Suzy Lake’s work continues to oscillate between photography and performance. The artist presents six life-size self-portraits taken in a large format scanner. Recording the movement of her blinking and breathing, Lake’s gesture portrays the near invisible. The works impose themselves to the viewer in the effect of Byzantine icons. The series Reduced Performing allows a reflection on the ephemeral, on embodiment, as well as on the medium itself, Lake working for the first time with digital technology. Parallel to the frontal portraits, Lake presents A Study in Respiration, a work revisiting the aesthetic of Etienne-Jules Marey, photographer and physiologist from the 19th century, who grandly contributed to the research on the capture of movement. The particular work reinforces the performative aspect of the series, as well as establishes an engaging contrast with the beginning of photography and its evolution up to the numeric era. Like in Marey’s work, Reduced Performing explores a scientific process within an artistic approach.
« MAD SOLDIERS »
jusqu'au 23 avril | until April 23
galeriepush.com
Mad Soldiers puise dans un répertoire d'images qu'Osvaldo Ramirez Castillo a développé dans son parcours. Son inspiration surgit de son enfance passée au Salvador pendant la guerre civile, le symbolisme de la mythologie et le folklore. Si on se penche sur les juxtapositions dans le travail de Ramirez Castillo, ces thèmes deviennent considérablement évidents : robot souriant comme la milice, poupées et fonds floraux exubérants parmi des corps sanglants, personnages féériques et armes macabres. Le titre de l’exposition fait allusion à la démence. L’aberration de telles scènes nous rappelle la réalité des enfants-soldats en Afrique, lesquels sont élevés, entraînés et à qui on fournit des armes pour en faire des tueurs. Les actes de ces enfants-soldats, souvent perpétrés sous l’influence de drogues, résultent en une combinaison extrêmement bizarre où se mêlent les désirs et les intérêts des enfants. Jouer avec des poupées, se costumer et rire sont des actes innocents, ici mis en association avec la mort, d’horribles bains de sang, des enlèvements, des séquestrations et des trahisons familiales. Dans Mad Soldiers, l’œuvre de Ramirez Castillo agit comme un rêve où les repères du récit, dans le temps et l'espace, sont confus. Un rêve ou plutôt un cauchemar, devrait-on dire. Les délimitations dans l’espace temps semblent inexistantes. Tout semble se produire simultanément. Cette compression du temps révèle un aspect essentiel de son message: la violence, l'injustice et la guerre sont intemporelles.
Mad Soldiers draws form a lexicon of imagery that Osvaldo Ramirez Castillo has developed in his practice, one that stems from a childhood in El Salvador during the civil war, while encompassing the symbolic aspects of folklore and mythology. If one looks to the juxtapositions in Ramirez Castillo’s work these themes become increasingly evident. Smiling robot-like militia, dolls and exuberant floral backdrops are interspersed with bloody bodies, mythological creatures and gruesome weapons. His title evokes the insanity of the scene and reminds one of the realities of child soldiers in Africa, where children are given weapons and trained and raised as killers. The often drug induced acts of these child soldiers provides an extremely bizarre combination, where the desires and interests of children: playing with dolls, dressing up, and surrounding oneself with laughter are met with death, gruesome bloodbaths, kidnapping and familial betrayal. In Mad Soldiers, Ramirez Castillo’s work plays out like a dreamscape albeit a nightmarish one, where the logical points of narrative; one event leading to another through time and space, are confused. Here everything seems to occur at once and the ramifications of this are significant, as this compression of time points to an essential aspect of his work: violence, injustice and war are ever present.