commissaire : John Hill
31 jan au 19 fév | Jan 31 to Feb 19
vernissage 4 fév 17h00 | Feb 4 ~ 5:00PM
Zéphyr : 2112 Amherst
L’idée originale de Bodybags a commencé il y a environ vingt-trois ans, avec la mort d’Anthony Griffin, un jeune homme noir de 19 ans qui fut abattu par la police le 11 novembre 1987. À l’époque, je fus choqué du peu de réaction pour cette mort brutale qui aurait pu être évitée. Pendant des années, je suis resté avec cette idée d’injustice dans le cœur et me suis demandé pourquoi le grand public avait été aussi apathique. Quelque chose devait changer, quelqu’un devait éduquer les masses et les sensibiliser aux problèmes des minorités. Voilà comment débuta le projet de Bodybags.
Avec la bataille contre les drogues, durant les années Reagan et Bush, un trop grand pouvoir a été donné aux forces policières. Les policiers sont devenus des soldats et les communautés pauvres et minoritaires ont été les souffre-douleur de ce conflit. Cette guerre a élargi la fracture urbaine raciale en Amérique du Nord et étiqueté les minorités pauvres comme des étrangers faisant partie d’une composante sociale infestée qu’il faut éliminer. La nature et le caractère de ces efforts de lutte contre la drogue ont ainsi amené à catégoriser certains jeunes, certaines classes et certaines races comme des criminels. Quelle guerre n’a pas ses blessés et ses morts ? Le public identifie les policiers aux troupes militaires et les jeunes Noirs et Hispaniques comme les ennemis, les principales cibles. Dans ce scénario, les erreurs commises par les officiers sont des erreurs de combat et les victimes des blessés de guerre.1
Des images de housses mortuaires de la guerre du Vietnam et de Corée étaient restées présentes dans ma mémoire. Je me suis dit que cette image de sac de plastique pourrait invoquer le respect pour ces âmes perdues, victimes de violence policière injustifiée. Pour une petite communauté, la perte d’un individu est un événement déchirant et le manque de justice rendue est simplement une absence d’éthique inacceptable.
La simple mention de ‘housses mortuaires’ laisse habituellement les gens avec un goût amer. Par contre, nous voici encore aujourd’hui avec le même préjudice révoltant à nos portes, quelque vingt années plus tard et rien n’indique que cela va changer. Je pense que la communauté artistique peut apporter un éclairage différent et porter les gens réfléchir.
J’ai donc choisi d’utiliser des sacs de plastique et des toiles texturées pour donner à l’image un aspect et une sensation ambigus. Le sac même représente notre détresse urbaine.
Depuis, le concept de Bodybags s’est développé pour inclure plusieurs autres connotations de détresse qui passent inaperçues et a encouragé trois autres artistes (David Merk, Françoise Issaly et Sunny Savage) à ouvrir leur cœur et partager leurs histoires.
1 Rose, Tricia. Black Noise -Rap Music and Black Culture in Contemporary America, Wesleyan University Press 1994, p.106.
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