« ENDURO »
jusqu'au 18 déc | until Dec 18
plein-sud.org
Anne Ashton présente un survol de son travail des quinze dernières années. L’exposition de cette artiste, qui se définit à la fois comme californienne et québécoise, regroupe un vaste corpus d’oeuvres dont les origines et les influences sont bien assumées. Les séries, de même que les tableaux qui les composent, s’inscrivent dans une démarche individuelle cohérente exemplaire, mouvante et détaillée, où tous les éléments sont représentatifs du travail de l’artiste, lié aux symboles, au territoire et aux forces de la nature, souvent à l’intérieur de structures où la forme et la série sont prépondérantes. Cette exposition substantielle, aux allures de rétrospective, accueille plusieurs séries marquantes, dont Mojos présentée pour la première fois dans son entièreté et Enduro, montrée à Plein sud en exclusivité. Bien que les séries possèdent plusieurs affinités, il nous semble important d’offrir ici quelques repères pour en apprécier toutes les richesses et la diversité.
Des forces naturelles puissantes, tornades et trombes d’eau, occupent les grandes surfaces de la série Spin-o-rama, alors que le pourtour des oeuvres est émaillé de représentations miniatures d’organismes unicellulaires ou démesurés, tels que des planètes. Comme il arrive souvent dans les tableaux de Anne Ashton, ces oeuvres révèlent la grâce paradoxale d’éléments jugés menaçants ou sans beauté inhérente. Par opposition, les ciels de Motel America sont sereins : cette fois l’artiste de déplace et réalise des tableaux instantanés in situ qui évoquent le passage cyclique du temps et captent la lumière des instants présents. Comme pour confirmer une sorte d’alternance entre le voyage et la sédentarité, la série El Centro — qui porte bien son nom — s’arrête dans les déserts et les arrièrecours de l’Amérique pour y recenser, dans toute leur étrange diversité, des plantes équivoques, toxiques ou carnivores, sensuelles ou épineuses, qui témoignent d’une flore inattendue et étrange. Les oeuvres de cette collection, qui tire son nom d’un village du désert Mojave, se regroupent autour d’un grand tableau central, le cyclone Manitou. La série suivante permet au spectateur d’interpréter un monde imprévisible encore à déchiffrer qui nous est offert par l’artiste sous le titre Mojos, où plantes, coquillages et fragments d’ossatures sont perçus comme des talismans, des présages, ou encore des philtres d’amour. Enfin, la série Enduro, qui donne son nom à l’exposition, est constituée de dix-sept tableaux. Disposées dans une aire de forme ovoïde, les oeuvres de cette série nous rappellent que l’endurance et la fragilité, le permanence et la fugacité sont des aspects étroitement liés de la nature, intrinsèques à toute forme d’existence. L’artiste y fait appel à la scala naturae, une classification médiévale hiérarchique et englobante, que l’on traduit par « grande chaîne de la vie » et dans laquelle les « êtres vivants et non-vivants » sont classifiés sans égard à leur nature réelle, afin de lui opposer l’égalité des éléments du mo de naturel et leur interconnexion. Le passage cyclique du temps, thème qui était déjà récurrent dans les séries précédentes de l’artiste, culmine ici sur le mouvement et l’impermanence. Par ailleurs, le titre de la série est également une référence à l’enduro, épreuve chronométrée hors-piste et tout terrain de motocyclettes, métaphore du parcours de la vie.
Cette exposition offre sans contredit une occasion privilégiée de considérer dans son ensemble, en un seul endroit, la variété de l’oeuvre de l’artiste Anne Ashton et de mesurer la force et les caractéristiques d’une production élégamment constante et en évolution depuis les quinze dernières années, alors que le visiteur profitera de la même occasion pour découvrir le corpus inédit Enduro.
Née à San Diego (Californie, États-Unis), Anne Ashton vit et travaille à Longueuil. Elle a complété un baccalauréat en arts visuels et en littérature à la San Diego State University en 1983. Elle expose depuis 1985, au Québec, au Canada, et aux États-Unis, alors que ses oeuvres se trouvent dans de nombreuses collections muséales et collections d’entreprises.
L’artiste remercie la Société de développement des arts et de la culture de Longueuil (SODAC) pour son soutien financier.
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