15 juin au 28 août | June 15 to August 28
vernissage 15 juin 17h00 | June 15 ~ 5:00PM
Maison de la culture Frontenac : 2550 Ontario Est
Parce qu’elles sont poésie de l’intuitif, les œuvres de Paul Bourgault nous propulsent dans un imaginaire fascinant et déconcertant. C’est avec beaucoup de finesse et de subtilité que l’artiste propose une esthétique singulière de ce qui semble être a priori un déroutant paradoxe pictural. Figuration abstraite et abstraction figurative se disputeraient-elles le style de l’artiste ? Fondamentalement, là n’est pas la question, même si Paul Bourgault jouit et joue de ce paradoxe pour réaffirmer, à l’instar d’un Wassily Kandinsky, l’importance de la plasticité. La figure s’efface d’emblée au profit d’une matière qui ne manque pas d’exposer et d’imposer une éloquence entraînante. Par une technique maitrisée, l’artiste élabore un processus créatif saisissant dans lequel la peinture met en perspective les formes et reliefs d’un paysage disparate constitué de papiers hétéroclites fragmentés et fragmentaires.
The intuitive poetry of Paul Bourgault’s imagery pushes us into fascinating and disconcerting imaginative places. With sharpness and subtlety the artist presents a singular aesthetic which seems a confusing pictorial paradox. Whether abstract representation or representational abstraction defines the style of the artist is not the fundamental question, even if Paul Bourgault enjoys and plays with this paradox to reaffirm the importance of plasticity, in the fashion of Wassily Kandinsky. The figure fades in favour of a subject that exposes and imposes compelling expressiveness. The artist has developed a creative process in which painting brings to the fore the forms and textures of a disparate landscape constituted by fragmented papers.
Au départ de l’œuvre, le recyclage et le morcellement. Paul Bourgault récupère et s’approprie des emballages de nourriture, étiquettes, monotypes, impressions numériques, matrices de sérigraphie et journaux pour qu’ils se donnent la réplique sur la toile, en une narration étonnante, pour ne pas dire détonante. L’artiste déchire différents types de papier comme autant d’espaces d’expression artistique et publicitaire qui jalonnent son quotidien ; il les rend muets et les dénude de leur identité première. Les fragments sont juxtaposés et superposés en respectant un ordre en partie aléatoire, en formant un imbroglio de textures rehaussées par la peinture, délicieuse génératrice de sens. Instigatrice d’un double jeu sémantique, elle agit tantôt par transparence, tantôt par opacité : ici, elle se fera léger voile ou se confondra avec la matière-papier, ailleurs, elle recouvrira celle-ci au point d’en masquer les formes et les trames.
S’ajoute la plus ou moins forte saturation chromatique qui contribue à apporter une nouvelle visibilité et lisibilité picturale à l’œuvre. Précisément, elle donne forme à l’informe tout en refusant une signification unique qui serait celle de l’artiste. N’est-ce pas ce qui permet à Paul Bourgault d’aboutir au « degré zéro de signification » qui lui est cher ? Assurément, car les reliefs et les volumes mis en perspective par la peinture dessinent les traces d’une possibilité figurative, certes, mais d’une possibilité figurative qui, dans les tableaux, reste en suspens et en devenir. Un tel « degré zéro de signification » est donc inévitablement induit par une incertitude picturale qui n’en est pas pour autant moins féconde puisqu’elle donne à penser, à imaginer et à créer. C’est ainsi que l’artiste invite le spectateur à délier et dénouer le sens dans une échappée interprétative suscitant une activité onirique délicieusement incessante.
Émilie Granjon
Né en 1967 à Québec, Paul Bourgault est un artiste autodidacte qui vit et travaille à Montréal. Il a participé à plusieurs expositions individuelles et collectives au Québec, en Ontario et à New York. La qualité de son travail a déjà été soulignée dans Vie des Arts, Le Devoir, The Globe and Mail et le Toronto Star. Ses œuvres se retrouvent dans la Collection Loto-Québec et dans celle de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Primary in Bourgault’s work is recycling and arranging. He reclaims and appropriates food packaging, labels, monotypes, digital prints, serigraph matrices and newspaper clippings in order to introduce a dialogue on the canvas, leading to a surprising and exploding narrative. In tearing out various types of paper from assorted media and advertising that he encounters in his everyday life, the artist renders the objects mute and strips them of their identity. Fragments are juxtaposed and layered in unpredictable orders, forming an imbroglio of textures and meaning. In their quest for semantic doubling the paintings show transparency as well as opaqueness, at times the viewer can distinguish a light veil effect in the paint or is confronted with contrasting collages, to the point of masking the forms and patterns.
The variations in chromatic saturation add a new visibility and pictorial understandability. The compositions embody the formless while rejecting the singular intended meaning of the artist. Isn’t that what allows Paul Bourgault to bring each painting to zero degrees of signification? Undoubtedly, as depths and volumes show the way to potential figurative representation which remains unresolved and in process. Zero degrees of signification is inferred through a pictorial uncertainty which is no less enriching as it leads one to think, to imagine and to create. This is how the artist invites the viewer to play with the meaning in an endless dreamlike interpretative pursuit.
Émilie Granjon (Free Translation)
Born in Quebec City in 1967, Paul Bourgault is a self-taught artist that lives and works in Montreal. He has participated in numerous solo and group exhibitions in Quebec, Ontario and New York. His work has been favorably reviewed in Vie des Arts, Le Devoir, The Globe and Mail and the Toronto Star. His works can be found in the collections of Loto-Québec and the Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
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