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Nous vivons selon les multiples lois de la réalité, du temps et du quotidien. Dans son travail, Milena Doncheva tente de rompre ces lois et de créer un nouveau monde qu’elle modifie et réinvente sans cesse. Dans le processus de création, l’artiste accumule et superpose des images qui nourrissent ses histoires. Celles-ci évoluent et changent, créant un mouvement incessant dans ses tableaux. Milena Doncheva expérimente différentes techniques en accumulant les couches de peinture, les histoires et les personnages. Le processus de création prend alors les allures d’un voyage, d’une aventure remplie de découvertes.Les images de miroir
« On peut voir un tout petit peu du couloir dans la Maison des miroirs si l’on ouvre largement la porte de notre chambre. Ce qu'on voit ressemble tout à fait à notre couloir, mais seulement un peu plus loin celui-ci peut être tout différent, tu le sais. » Alice, de l'autre côté du miroir, Lewis Carroll
Dans la physique quand la lumière se reflète sur une surface on parle de réflexion. Si la surface est polie, ce phénomène s'appelle réflexion de miroir. La lumière réfléchie fait les silhouettes plus claires, plus contrastantes et très expressives. La réalité n'est qu'un reflet du miroir. Cela cofirme notre existence ainsi que réveille notre narcissisme en nous rappelant d'étudier avec des heures notre réflexion sur le miroir.
Comme dans un conte il nous susurre que nous avons l'air parfait. Qu'est-ce qui se passe quand on brise le miroir? Est-ce que les miroirs brisés dispersent les images et comment paraitrait-il alors la réalité si on les assemble? Mais si le miroir ne reflète pas précisément on tombe dans le piège d'un labyrinthe de miroirs déformés et de réflexions multipliées à l'infini.
Je me demande comment il paraitrait la version de miroir de notre monde. Est-ce qu'il existe des images de miroir? Tout serait beaucoup plus différemment qu'une simple règle tournée à l'envers. La réalité n'est qu'un fond barbouillé sur lequel se détachent les silhouettes reflétées et multipliées, des ombres diluées prises au piège du miroir. Cela fait naître en moi la peur instinctive que ma vraie image soit saisie, multipliée, rompue, déformée. Le miroir la mettra dans l'espace infini et la confondra avec les reflets passés de ceux qui se sont regardés dans le miroir avant moi. Le miroir déformera les projections jusqu'à ce que la réalité ne devienne qu'un souvenir mal reconnu et fragmentaire. Le miroir retient et entasse couche sur couche des surfaces transparentes, des reflets qui se font voir à peine à travers les couches. Le conte d'une telle réalité de miroir paraîtrait une absurdité, un non-sens littéraire.
Je promène mes regards sur la feuille blanche et je commence... Je pose couche sur couche mes souvenirs — les reflets du passé. Je les mets à l'infini et la feuille blanche devient mon miroir. Je découvre les traits de mon visage dans le chaos d'images transparentes... Je me reconnais. Les pièces de mon passé entassées au hasard en désordre deviennent des projections à l'avenir. Mais comme dirait la Reine Blanche, tout cela a un grand avantage — la mémoire de l'homme travaille dans deux directions. Je reprends une nouvelle feuille...
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