« PROMIS PROMIS » jusqu'au 13 juin | until June 13
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Il y a une séduction dans l’impression que nous laisse un souvenir, dans ce qu’il nous laisse comme désir. En ce sens, un souvenir d’enfance est particulier ; c’est celui d’une intimité partagée, d’une certaine proximité physique plusjamais accessible qui, malgré notre désir, reste perdu et impossible à retrouver. Le fragment qu’il laisse languir dans la pensée persiste à vouloir poursuivre son existence dans la mémoire. Il agite dans la pensée un besoin d’être conservé, un moyen d’être inscrit dans le présent. C’est la peur de la perte. Ce qui persiste dans la mémoire ne peut engager sa survie que dans la construction de son propre récit. Paradoxalement, ces fragments engagent leur propre fiction et n’existent que par elle. Par ailleurs, c’est celle-ci qui laisse entrevoir, par les trous que laisse l’oubli, une histoire non pas narrative, mais sensible, celle d’une réalité.
There is a seduction in the impression that a memory leaves us, in what is left for us to desire. In this sense, a childhood memory is unique. It is one of shared intimacy, of a certain physical proximity no longer accessible despite its inherent desire. It remains lost and impossible to recover. However, the fragment that is left to linger persists in trying to pursue its existence in our memory. It agitates in our thoughts a need to preserve it, a way to inscribe it in the present. It is a fear of loss. The survival of what persists in our memory can only be ensured by the construction of its story.Through the holes left by forgetfulness, these fragments engage their own fiction, and, paradoxically, can only exist through it. This fiction gives us a glimpse, not of a narrative but rather of something felt, of a reality.