« PROMENADES AU CHÂTEAU DE LA MÉMOIRE ET DE L’OUBLI »
29 août au 3 oct | August 29 to Oct 3
avec la participation spéciale de Anne-Laure Dubé
galeriedonaldbrowne.com
* english follows ~ Ce corpus est une nouvelle section du projet Becoming Fahrenheit 451. Les solos et œuvres de Becoming Fahrenheit 451 ont d’abord été conçus et présentés à New York, Berlin, Oslo et Paris. Depuis 2007, ces œuvres de différents médiums (performance, vidéo, photos, textes et installations) sont reliées à mes tentatives de mémoriser le livre Fahrenheit 451 comme le font les Hommes-livres dans ce roman écrit en 1953 par Ray Bradbury et dans son adaptation au cinéma par François Truffaut (1966). Dans Fahrenheit 451 les Hommes-Livres vivent aux abords de la ville et tentent par la mémorisation de sauver les livres. Ils circulent en marge d’une société où les livres sont interdits. Les membres d’une même famille ne se parlent presque plus et regardent ensemble les murs écrans. Les enfants s’entretuent et foncent en voiture sur les piétons considérés comme des fous indésirables. | This body of work is a new section part of Becoming Fahrenheit 451. The solos and pieces of Becoming Fahrenheit 451 were first conceived of and presented in New York, Berlin, Oslo and Paris. Since 2007, these works of various mediums (performance, video, photos, text pieces and installations) are related to my attempts to memorise Fahrenheit 451 like the Book People do in Ray Bradbury’s 1953 novel and in François Truffaut’s 1966’s adaptation. In Fahrenheit 451 the Book people live on the edge of the city and try to preserve books by memorising them from a society where books have become illegal and family members hardly talk to each other. They sit together in rooms with wall TVs, children kill each other, and pedestrians are illegal freaks.
We read the books and burnt them, afraid they'd be found. ... Better to keep it in the old heads, where no one can see it or suspect it. We are all bits and pieces of history and literature... All we want to do is keep the knowledge we think we will need intact and safe... (Bradbury)
La vidéo Promenades au château de la mémoire et de l’oubli fait 23 minutes et a été tournée de façon improvisée avec une caméra de poche dans un château et ses jardins. Les personnages sont des non-acteurs étant eux-mêmes et devenant des livres. Ils ont des liens de parenté: ma cousine, sa grand-tante, et moi-même. Ils mémorisent, parlent, marchent, s’assoient, jardinent, dansent, courent… dans le château, ensemble et seul, avec des livres, essayant d’absorber leur contenu et leur sens : Paludes de Gide, Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, Le marin rejeté par la mer de Mishima, Millenium de Stiegg Larsson. Ils tentent de se lire les uns les autres. Des narrations personnelles traversent les fictions. Des peintures de personnages lisant des livres sont accrochées aux murs, une bibliothèque de livres anciens, une jeune femme essayant de faire tourner un vieux globe, une rivière, un chien, quelques oiseaux, un feu, un poêle à bois froid. AL Becoming Mishima, Mishima in Red Hook, On the other side, La mémoire du bois, Ping Pong sont quelques-uns des titres des photographies accompagnant la vidéo.
Le château appartenait au commandant Plot, devenu ermite en ces lieux et s’entourant d’une communauté de livres et de portraits de personnes lisant des livres. Maintenant, le jardin est entrenu par Rosine, la seule occupante permanente du château à 84 ans. J’avais visité son château et dormi là quand j’avais 19 ans. Je n’avais jamais oublié cette fabuleuse librairie. Le château, ses pièces, ses meubles, et son jardin ont été choisis pour évoquer les techniques ancestrales de mémorisation du palais de la mémoire et du loci où se jouent les scènes de mémorisation. Le palais de la mémoire utilise des espaces architecturaux qui peuvent être imaginés ou reconstruits par la pensée afin de placer et d’emmagasiner de l’information que l’on souhaite garder en mémoire. Un loci est une promenade tracée mentalement au long de laquelle de l’information peut être placée pour permettre à l’esprit de quelqu’un de la retrouver, de la retracer plus aisément.
But I’ve forgotten!” “No, nothing’s ever lost. We have ways to shake down your clinkers for you.” [“But I tried to remember!” “Don’t try. It’ll come when we need it. All of us have photographic memories, but spend a lifetime learning how to block off the things that are really in there. Simmons here has worked on it for twenty years and now we’ve got the method down to where we can recall anything that’s been read once. Would you like, someday, Montag, to read Plato’s Republic?”
Motivée par cette citation, j’ai réagi aux heures passées à ne pas parler aux autres et à être seule en mémorisant. Cette nouvelle vidéo cherche donc à s’échapper de la narration de Becoming Fahrenheit 451 et va à la rencontre d’autres histoires. Une heureuse narration, la confusion parfois, et la présence de l’oubli viennent déjouer le chemin de la mémorisation pour faire place à des expériences simples et partagées. Les figures prennent vie dans un château orné, loin des murs-écrans, mais sans être figées dans un futur dystopique où la cultutre est chassée hors des maisons et où les amoureux des livres ne survivent que dans les bois comme des «Bumbs on the outside, libraries inside » (Bradbury).
Pour augmenter encore le croisement de narrations, j’ai inclu dans cette exposition la vidéo intitulée Le chat, la belette et le petit lapin réalisée par Anne-Laure Dubé, cousine, modèle et alter ego dans mes oeuvres depuis plus de 10 ans. Le tournage de sa vidéo précède celui de Promenades au château de la mémoire et de l’oubli. Son film présente ses grands-parents qui sont aussi mon oncle Gilles et ma tante Jacqueline, nièce de Rosine. Sa grand-mère, donc, est de la génération éduquée à la mémorisation de textes. Elle récite de mémoire, dans un style un peu burlesque, la fable de La Fontaine comme si elle s’adressait à des enfants. Anne-Laure ? Mais elle a grandi…et elle a maintenant ses propres interprétations des choses. Un modèle devenu un peu sauvage. Dans cette vidéo se trouvent des éléments qui peuvent, ou non, faire référence ou se moquer gentiment d’éléments de mes oeuvres antérieures, telles les dames âgées et les jardins. D’autre part, des objets et des scènes du film de Anne-Laure Dubé ont inspiré le film dans lequel elle joue : le château, le manteau de fourrure et le pont.
Une logique circulaire s’installe et trace le chemin à partir duquel le modèle dans l’image peut faire le pont vers la production d’images et de sens. Avec ces nouvelles oeuvres, j’espère créer un espace pour une famille d’idées, pour une quête étrange permettant de survivre au trop plein d’informations. Dessiner un espace pour le temps. Concevoir des chambres habitées par une aristocratie de dialogues singuliers et de curiosités partagées.
We read the books and burnt them, afraid they'd be found. ... Better to keep it in the old heads, where no one can see it or suspect it. We are all bits and pieces of history and literature... All we want to do is keep the knowledge we think we will need intact and safe... (Bradbury)
The video Promenades au château de la mémoire et de l’oubli (In & Out the memory palace) is a 23 min movie shot with a pocket digital camera and based on improvisations. It is set in a castle and the surrounding gardens. The characters are non-actors being themselves and becoming books. They are relatives in real life: my cousin, her great aunt, and myself. They memorise, talk, walk, sit, garden, dance, and run in the castle, together and alone, with books, trying to absorb content and meaning. Paludes by Gide. Fahrenheit 451 by Ray Bradbury. The Sailor Who Fell from Grace with the Sea by Mishima. Millenium by Stiegg Larsson. They also try to read each other. Personal narratives cross fictions. There are paintings of people reading books, an old library, a young women trying to turn an old globe, a river, a dog, a few birds, a fire, a cold woodstove. AL becoming Mishima, Mishima in Red Hook, On the other side, La mémoire du bois, Ping Pong are some titles of the photographs connected to the video.
The castle was owned by Le commandant Plot, who became a hermit surrounding himself by a community of books and portraits of people reading books. Now the garden is harvested by Rosine, the sole permanent occupant of the castle. Rosine is 84, my cousin’s great aunt. I had visited her castle and slept some nights there when I was 19. I never forgot the fabulous library.
The castle, its rooms, furniture and garden are not only stages for improvised scenes, they are also conceived with the idea of the castle as a mnemonic tool. The location was chosen to play with the ancient mnemonic techniques of the memory palace and the loci. The memory palace is an ancient mnemonic technique using architectural spaces that can be imagined or reconstructed in the mind, to locate and store information that one wants to remember. A loci is a walk recalled mentally along which information can be placed in order to find them easily in one’s mind to remember them.
But I’ve forgotten!” “No, nothing’s ever lost. We have ways to shake down your clinkers for you.” [“But I tried to remember!” “Don’t try. It’ll come when we need it. All of us have photographic memories, but spend a lifetime learning how to block off the things that are really in there. Simmons here has worked on it for twenty years and now we’ve got the method down to where we can recall anything that’s been read once. Would you like, someday, Montag, to read Plato’s Republic?”
Motivated by this quote, I reacted to the hours spent not talking to others and being alone in my mind while memorising. This new video escapes the narrative of me Becoming Fahrenheit 451 and meets other narratives. A happy narrative, confusion and the presence of forgetting come playfully in the way of memory, to give space for simple and shared experiences. The figures become lively, in an ornate castle, far away from wall TVs but yet, not in a dystopic future where culture is chased away from houses, and where book lovers only survive in the woods as « Bumbs on the outside, libraries inside » (Bradbury).
To push the crossing of narrative to another level I included in this exhibiton a short video Le chat, la belette et le petit lapin directed by Anne-Laure Dubé, 19, my model since over 10 years. She made her video few months before we shot In & Out The Memory Palace. Her movie features her grand-parents who are also my uncle and my aunt, the niece of Rosine. Jacqueline, her grand-mother, is from a generation used to memorising texts. She tells from memory in a burlesque fashion a tale by Lafontaine as if told to children. Anne-Laure ? But now she has grown up and has her own interpretations of things. A model gone wild. In this video can be found elements that may or may not refer to spoofs of my past works, like old ladies and gardens. On the other hand, there are objects and scenes that have inspired me in the movie in which she is starring : the castle, the fur coat, the bridge.
A circular logic sets the paths from which the model in the image can cross the making of the images and meaning. With these new works I hope to create a space for a familly of ideas, for a strange quest to survive the overflow of information, a space for time, some rooms to create an odd aristocratie of dialogues and shared curiosities.
Eve K. Tremblay
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