* english follows ~ Pour Isa B., créer est une manière de se réfugier dans un monde de totale liberté, loin des modes, des préfabriqués et du conformisme qui caractérisent nos sociétés actuelles. C’est un mode de vie, une voie d’introspection et de réflexion. Ses œuvres sont donc extrêmement intimes par leur conception et leur réalisation mais sont aussi très universelles par le thème qui sous-tend chacune d’entre elle : la dualité vie/mort.
Trois années révolues à Saint-Henri ont profondément influencé l’art d’Isa B. Un quartier industriel, populaire, chargé d’histoire, aux murs écaillés, aux piaules rapiécées, un quartier ayant gardé l’empreinte de ses habitants successifs, un quartier révélateur d’individualités. Arrivée au moment de sa restructuration, puis expropriée, Isa B. a été témoin au quotidien de la destruction de ce patrimoine. Alors, elle ramasse et accumule une quantité d’objets hétéroclites, pièces de métal, clous, bois, cordes, restes de murs, grillages. Des objets chargés d’histoires et de traces de vie, jetés, délaissés, rebus de notre société qui ne cesse d’effacer le passé pour ne retenir que le présent. Isa B va alors leur redonner vie en les clouant, les collant, en les associant en de nouvelles scènes, réalisant ainsi des tableaux où la vie et la mort se rencontrent pour mieux nous faire apprécier la beauté et la fragilité du monde.
Extrêmement proche de la philosophie du peintre et architecte Autrichien Hundertwasser, notamment de sa théorie sur la troisième peau de l’homme, Isa B. attache une importance toute particulière à l’habitat. Les maisons de Saint-Henri, rafistolées, consolidées, aménagées par leurs occupants avec les moyens du bord, illustrent parfaitement le droit à « sa libre intervention sur sa maison » proclamé par cet architecte. Cette influence se retrouve dans la manière de représenter ses personnages mi-nus et sans tête mais en présence de leur maison ou d’un objet qui leur est cher, leur troisième peau, symbolisant leur personnalité, leur sensibilité, bien mieux que ne pourrait le faire les traits de leur visage (voir autoportrait, 2005). Une profusion de protection (contours de ciment, chaines, cadenas, portes) souligne l’importance de protéger les individualités dans une société de plus en plus sujet à l’uniformité.
À côté des maisons, objets intemporels, porteurs des vies passées, il y a l’Homme, être vivant, porteur de sa propre mort. L’Homme dans sa collectivité, contraint à des rapports de force dominé/dominant, fait l’expérience de la barbarie humaine intemporelle. Ou alors, à l’opposé, dans une lutte isolée, est sujet à l’angoisse de la solitude à venir, à la peur de l’anonymat, la peur d’être englouti dans la masse, de perdre son identité. L’Histoire est une orgie de cadavres démembrés; fragments de vies, de blessures, de joies et de morts passées, reléguées aux oubliettes. L’Homme est donc squelette, symbole de la mort. Si la mort est omniprésente dans les œuvres d’Isa B, c’est une mort pleine de vie, une mort qui avec humour rejoue des scènes de la vie quotidienne, des morts qui meurent d’envie de perdurer, du moins à travers un tableau (voir déjeuner sur l’herbe, 2008, sans titre, 2008).
Isa B. réalise ses œuvres comme un individu bâtit sa maison. Les matériaux utilisés sont semblables : ciment, bois, clous et objets de récupération. Ses œuvres sont lourdes, solides, capables de résister à l’épreuve du temps. Artiste obsessionnelle, maniaque du détail, tout doit être rempli, le vide nié, l’espace entièrement contrôlé. Une multitude de clous, de pièces métalliques assemblées en mosaïque ou structures tridimensionnelles recouvrent de larges pans de ses tableaux. Outre le rôle esthétique et symbolique de ces éléments, leur réalisation, longue et nécessitant des gestes répétitifs, répond aux besoins d’introspections d’Isa B. Ainsi chacune de ses œuvres est comme une maison dans laquelle elle a laissé un peu de son âme, un moyen peut-être pour elle aussi de braver la mort et d’échapper au temps.
For Isa B, to create is away of taking refuge in a world of total freedom, far from the modes and the conformism that characterize our current societies. It is a way of life, a way of introspection and reflexion. Her artworks are thus at the same time extremely personal and universal; personal, in their design and their realization and universal by the topics: the duality life/death.
Three years completed in Saint-Henri deeply influenced the art of Isa B. An industrial district, popular, charged with history, with the scaled walls, the patch pads, a district having kept the print of its successive habitants, revealing individualities. Arrived at the moment of it reorganization, then expropriated, Isa B is a witness of daily destruction of this inheritance. So she collects and accumulates a quantity of miscellaneous items, metal, nails, wood, strings, remains of walls, fences. Objects filled with history and signs of life, discarded, abandoned, waste of our society that continues to erase the past to retain only the present. Isa B will then bring them to life by nailing, gluing, by linking them into new scenes, making artworks where life and death meet to make us better appreciate the beauty and fragility of the world.
Extremely close to the philosophy of the painter and Austrian architect Hundertwasser, in particular of its theory on the third skin of the man, Isa B attaches a particular importance to the habitat. The Saint- Henri houses, consolidated, arranged by their occupants with the means of the edge, illustrate perfectly the right to "its free intervention on its house" proclaimed by this architect. This influence is also found in the manner of representing its characters half naked and without head but in the presence of their house or an object that they hold dear, their third skin, symbolizing their personality, their sensitivity, well better than could do features of their face (see Self-portrait, 2005). A profusion of protection (contours of cement, chains, locks, doors) stressed the importance of protecting the individual in a society increasingly subject to uniformity.
Besides the houses, timeless objects, holders of past lives, there is human being, carrying his own death. The man in his community, forced to balance of power dominated / dominating, lives the experience of human barbarity timeless. Or, conversely, a struggle in isolation, is subject to the anguish of loneliness ahead, the fear of anonymity, fear of being engulfed in the mass, losing its identity. History is an orgy of dismembered corpses, fragments of lives, injuries, deaths and joys past, relegated to oblivion. Man skeleton is a symbol of death. If death is omnipresent in the artworks of Isa B it’s a death full of life, a death who plays with scenes of everyday life, the dead people who wants to stay at least through an artwork (see déjeuner sur l'herbe, 2008, untitled, 2008).
Isa B. performs her work as an individual builds his house. The materials used are similar: cement, wood, nails and objects recovery. Her works are heavy, solid, capable of withstanding the test of time. Artist obsessive, manic detail, everything must be completed, the vacuum denied, entirely controlled space. A multitude of nails, metal parts assembled into three-dimensional mosaic structures or cover large sections of her paintings. Besides the aesthetic and symbolic role of these elements, their implementation, requiring long and repetitive actions, meets the needs of introspections Isa B. Thus each of her works is like a house in which she left a little of her soul, a way perhaps also to defy death and escape time.
mon artiste préférée!
Je serais intéressée à en savoir plus sur ta technique de travail, par exemple quels matériaux tu utilises pour donner cet effet céramique glaçuré?
serais-ce possible de t'observer en création?
vraiment félicitation pour ton travail créatif, personnel et innovateur
marie l'heureux
Rédigé par : marie l'heureux | 26/09/2009 à 12:05
Vous pouvez voir son travail tout l'été jusqu'au 22 août à la galerie sas au 372 rue Sainte-Catherine ouest, espace 416.
Rédigé par : Olivier | 22/06/2009 à 20:49
!! je suis bouche-bée !
j'aimerais beaucoup voir son travail.. en vrai !
est-ce qu'elle a un site internet personnel ?
Rédigé par : karine | 22/06/2009 à 19:24