* english follows ~ À l’origine, il y a un mouvement. Qu’il soit courbe ou angulaire, ce mouvement initial divise et structure l’œuvre. Ce premier trait est ensuite supporté, développé et mis en contexte par l’artiste Rami Bebawi qui travaille la surface de la toile en utilisant différents types de matières telles le plâtre, les pigments, le papier calque ou tout autres objets trouvés au hasard. En s’accumulant, ces textures mêlées à la peinture aux riches couleurs de terre chaude que l’artiste utilise, forment des cartes topographiques. Les vallées et vallons ainsi créés sont ensuite presque entièrement blanchis avec différentes teintes de peinture blanche, à l’exception de quelques sections rectangulaires des œuvres qui demeurent ultimement visibles. Ces dernières sont comme des pauses qui ponctuent l’œuvre de Bebawi. D’une œuvre à l’autre, ces pauses prolongent le mouvement original comme le feraient les notes d’une symphonie. Le format carré de ces pauses, conjointement à celui des œuvres, encadre le mouvement artistique, tel un écho des structures prévisibles, immuables et logiques du cadre bâti de l’environnement urbain. L’artiste, par son mouvement, traverse ces cadres structurels.
Lorsque l’on connait le parcours artistique de Bebawi, l’enfouissement et le déchaussage d’une impulsion originale acquièrent une importance toute particulière. Bien qu’il ait commencé à peindre, dessiner et sculpter plus loin qu’il puisse se rappeler, il ne s’est jamais réellement présenté socialement comme artiste. Sauf pour quelques amis et membres de sa famille, il était - et est toujours - l’architecte. Sous de multiples couches de papier calque, de jute et de carton-mousse, il y a et a toujours eu une première impulsion, un désire de concrétiser ses pensées et ses émotions en un geste fort et vrai. Le blanchiment de la surface picturale nous force à nous concentrer sur ces moments individuels.
L’utilisation de matières dites pauvres par Bebawi n’est pas sans rappeler le travail d’artistes du mouvement italien Arte Povera tel Alberto Burri. L’aspect brut des matériaux employés, allié à la richesse du traitement presque monochromatique des couleurs, génère une force silencieuse qui vibre bien au-delà des pauses isolées de chaque composition, voir de chaque œuvre. Cette force est la vie des tableaux de Bebawi.
~ commissaire invité Jean-Francois Belisle
First, there is a movement. Curved or angular, this first line simultaneously structures and divides the surface. Supporting, contextualizing and building on that original movement, Rami Bebawi then layers his canvases with found materials, plaster, pigments and almost anything else he can get his hands on. The rough textures and rich earthly tones that he incorporates into the canvas form topographical sites that are later almost entirely blocked with various shades of white paint. The surfaces that ultimately remain visible punctuate Bebawi’s work like rhythmic moments that prolong the original movement. The square format of these individual moments, just as that of the overall canvases, attests to the logical, stable and predictable structure of the built environment. The artist’s movements exist within, and permeate, that structuralism.
The burial and subsequent unearthing of an original and unconstrained gesture is particularly interesting when one thinks of Bebawi’s path in the arts. Though he has painted, drawn and sculpted since as far back as he can remember, it was never really part of his public image. A few friends and family members knew, but to the rest of the world he was, and still is, an architect. Under layers and layers of tracing paper, burlap and foamcore models there is and always was an original impulsion; a desire to materialize emotions and thoughts through a single, continuous and true gesture. White washing everything around those impulses focuses our attention on those single moments.
Bebawi’s usage of impoverished materials calls to mind works by Arte Povera artists such as Alberto Burri. The rawness of the materials employed and the richness of the almost monochromatic constructions exude a silent strength that reverberates far beyond the isolated moments or overall compositions of each works. That strength is the life of Bebawi’s paintings.
~ guest curator Jean-Francois Belisle
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