À compter de cette semaine, ratsdeville fait relâche pour l’été. Je profite donc de cette dernière chronique de la saison pour faire un petit récapitulatif de mes chroniques publiées cette année, depuis septembre dernier.
Ambrosius Bentsoen, Mary Magdalene, vers 1530, huile sur panneau de chêne
La motivation première de ces chroniques était de réfléchir au rôle des arts visuels dans notre vie politique et économique. Au fil de ces dizaines de chroniques, l’une de mes préoccupations majeures a été d’identifier les conditions d’existence de l’œuvre d’art dans la société et son impact sur le lien social. D’un point de vue économique, le marché, comme espace de transaction et de fixation de la valeur, permet, dans nos économies, l’existence sociale de l’œuvre d’art. Hors marché, point de salut, en quelque sorte (La chambre des merveilles 12 octobre). Cela étant dit, la réalité du monde des arts visuels présente une grande complexité. Ainsi, le marché, et plus spécifiquement le prix de l’œuvre, établit un contexte d’appréhension pour l’œuvre, pouvant en faire changer le statut lorsq’une œuvre inconnue est authentifiée comme étant le travail d’un grand maître (Une croûte signée Renoir 14 sept.) ou qu’on la « découvre » parce qu’elle avait été cachée depuis longtemps (L’œuvre cachée 16 nov.).
Car l’œuvre d’art possède des caractéristiques singulières, quasi mystiques – à tout le moins, mystérieuses – particulièrement pour son propriétaire, ou tout simplement pour le spectateur. Ceux-ci cherchent, dans l’œuvre, dans l’objet, une forme d’authenticité. Acquérir une œuvre, c’est aussi acheter une portion de l’authenticité du geste de l’artiste (L’art sauvage 30 novembre). Cette quête d’authenticité bien contemporaine – et qui dépasse largement le strict contexte des arts – rend toujours actuelle la question du statut de l’œuvre à « l'époque de sa reproductibilité technique », pour reprendre le titre du célèbre texte de Walter Benjamin (Création et machines créatrices 1er février). Parallèlement, la diffusion, via le web, d’une quantité de plus en plus importante d’œuvres majeures, notamment par le « Google art project », pose la question non plus de l’authenticité de l’œuvre mais de celle de l’expérience esthétique (Le diable est dans les détails 12 avril).